Lorsque les dirigeants ne rĂ©pondent plus aux aspirations du peuple, ce dernier est en droit de leurs retirer de grĂ© ou de force le droit de les administrer. Assez câest assez, âEnough is enoughâ comme disent nos amis Anglo-Saxons. Câest la lutte finale, groupons-nous dĂšs aujourdâhui car tout ce que nous voyons de nos propres yeux dans notre pays nâaugure rien de bon. Allons enfants de la patrie, retroussons-nous les manches afin de faire table rase de ce passĂ© sordide.  Il fut un Congo-Brazzaville oĂč le vivre ensemble Ă©tait un quotidien normal. Lâon ne se souciait pas de notre provenance, de nos ethnies qui nous caractĂ©risaient, mais lâon Ă©tait des Congolaises et des Congolais vivant en parfaite harmonie et sans aucune animositĂ© avec nos semblables ayant Ă©lu domicile dans notre pays. Ceux qui ont vĂ©cu dans le quartier de Poto-Poto savent ce quâest le brassage dâorigines trĂšs variĂ©es oĂč se rencontrent des idĂ©es diffĂ©rentes, le melting-pot, un endroit oĂč se mĂȘlent des Ă©lĂ©ments dĂ©mographiques divers. LâĂ©ducation des enfants de Poto-Poto Ă©tait assurĂ©e par tous les adultes dans le strict respect de nos us et coutumes. Lâentraide Ă©tait de mise dans tous les domaines. Le respect dĂ» Ă la personne ĂągĂ©e Ă©tait non nĂ©gociable et non discutable, ces derniers Ă©tant nos modĂšles. Nous ne puissions penser que ce qui se passait Ă Poto-Poto fut diffĂ©rent Ă Bacongo, MakĂ©lĂ©kĂ©lĂ©, Moungali, OuenzĂ© Ă lâĂ©poque.
Poto-Poto, ce quartier mythique Ă la lisiĂšre du centre-ville, la citĂ© blanche des colonisateurs français, Ă©tait aussi la porte dâentrĂ©e Ă Brazzaville par le Beach (de sinistre mĂ©moire actuellement) de nos sĆurs et frĂšres de Kinshasa (RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo). Ainsi certains de nos parents ressortissants de la RDC mariĂ©s Ă des Congolaises ou des Congolais de Brazzaville allaient le matin Ă Kinshasa, vaquaient Ă des occupations professionnelles et rentraient Ă Brazzaville le soir retrouver le foyer conjugal et la famille. Mais entre-temps le virus du tribalisme a Ă©tĂ© instillĂ© par le biais de la politique dans la sociĂ©tĂ© congolaise par des esprits rĂ©trogrades. Poto-Poto a su garder son caractĂšre cosmopolite, Bacongo devenant le repaire des Lari et des kongos, et OuenzĂ© le fief des Mbochis. Quel gĂąchis sociĂ©tal !
Cette lame de fond du sĂ©paratisme tribal trouva son apogĂ©e avec lâĂ©puration de lâadministration et de lâarmĂ©e congolaise dâune trĂšs grande majoritĂ© des cadres du Sud du pays qui nâadhĂ©raient pas Ă une idĂ©ologie fumeuse des marxistes-lĂ©ninistes en herbe huberlulus. Profitant des avantages sociaux confĂ©rĂ©s par les responsabilitĂ©s politiques, les nouveaux maĂźtres du Congo-Brazzaville, des militaires ayant trahi leur serment rĂ©publicain de protĂ©ger la nation, se mirent Ă assassiner Ă tout va dans une folie meurtriĂšre Ă travers des cours antirĂ©volutionnaires dâinjustice des Congolais au « petit matin ». Ils nâhĂ©sitĂšrent pas Ă abattre au mois de mars 1977 deux PrĂ©sidents de la RĂ©publique et un homme de Dieu, un Cardinal. Lâindicible fut atteint ; des Congolais tuaient dâautres Congolais ce qui Ă©tait innommable dans une sociĂ©tĂ© civilisĂ©e. Ce sont ces mĂȘmes assassins qui hier sortis de la forĂȘt de la rĂ©gion septentrionale pour Brazzaville dirigent de main de fer notre pays ; des vĂ©ritables hommes de caverne.
De ces multiples assassinats politiques ignobles, le peuple congolais a Ă©tĂ© castrĂ©, manquant dorĂ©navant de virilitĂ©, dâoĂč son inertie actuelle Ă faire face Ă ses oppresseurs. La guerre civile, fratricide, sanglante du 05 juin 1997 qui fit 400 000 morts inutiles a fini par entraĂźner un traumatisme psychique et psychologique dont certains ont du mal Ă se remettre jusquâĂ ce jour ; les sĂ©quelles sont immenses, les plaies bĂ©antes et les cicatrices non pansĂ©es. Seule la reconnaissance du caractĂšre des victimes de cette barbarie Ă travers une reconnaissance officielle de la faute de lâĂtat congolais y remĂ©diera. Tout ce que lâon ne dit pas reste dans le cĆur et peut le faire exploser. Le peuple congolais est devenu un peuple de zombies, des cadavres animĂ©s qui errent çà et lĂ sans but prĂ©cis dans leur propre pays, sinon quâattendre la mort pour avoir un repos paisible. Câest lĂ oĂč le bĂąt blesse, ce qui nous impose Ă ne pas ĂȘtre indiffĂ©rents au sort dĂ©sastreux de nos compatriotes.
La tribu mbochi, les poltrons en armes avec lâargent du contribuable congolais, se comporte au Congo-Brazzaville comme lâavaient Ă©tĂ© les Afrikaners du temps de lâapartheid en Afrique du Sud, cette politique de sĂ©paration des races. Au Congo-Brazzaville, lâapartheid mbochi consiste en une sĂ©paration des tribus afin que nâĂ©merge que la tribu mbochi qui Ă elle seule truste toutes les responsabilitĂ©s administratives, politiques rĂ©galiennes, Ă©conomiques, judiciaires, comme si le fait dâĂȘtre sortie de la forĂȘt septentrionale leur avait confĂ©rĂ© la science infuse ; câest faire insulte Ă notre intelligence collective.
Il est temps de se rendre compte que câest lâoppresseur qui dĂ©termine lâarme de lâopprimĂ©. JusquâĂ ce jour, nous avons toujours prĂŽnĂ© le dialogue, une vertu bantoue, la libĂ©ration des prisonniers politiques, et la restauration dâun Ătat de droit au Congo-Brazzaville. Ne serait-il pas temps de terroriser les terroristes car la libertĂ© ne se donne pas, elle sâarrache ! Certains de nos leaders moraux Ă©tant emprisonnĂ©s dans les geĂŽles insalubres du Congo-Brazzaville, la flamme de la rĂ©sistance ne peut pas pour autant sâĂ©teindre, et la soif de libertĂ© doit demeurer intacte devant cette horde dâĂ©cervelĂ©s qui croient par la puissance des armes mettre Ă genou tout un peuple ; nous ne boirons plus de leur vinaigre. NON, nous nâaccepterons pas cette occupation ni nos enfants ni nos petits-enfants. La Constitution congolaise de 2015, imposĂ©e par le pouvoir en place, stipule dans son Titre II, des droits, libertĂ©s et devoirs des citoyens notamment dans son Article 8 qui le compose : « La personne humaine est sacrĂ©e et a droit Ă la vie. L'Ătat a l'obligation de la respecter et de la protĂ©ger. Chaque citoyen a le droit au plein Ă©panouissement de sa personne dans le respect des droits d'autrui, de l'ordre public, de la morale et des bonnes mĆurs. La peine de mort est abolie. » Nelson Mandela Ă travers la nation arc-en-ciel a posĂ© les bases dâune sociĂ©tĂ© Sud-Africaine bien quâimparfaite, la perfection nâĂ©tant pas de ce monde, de « one man, one vote » avec ses oppresseurs dâhier.
Lâheure des discours ne suffit plus, ainsi il est nĂ©cessaire dâallier une aile armĂ©e Ă une aile politique devant ces gens qui ne comprennent que le langage de la haine. Un peuple en colĂšre devant lâinjustice quotidienne quâil vit est un peuple inarrĂȘtable qui tel un tsunami emporte tout sur son passage. Ă dĂ©faut du dialogue national inclusif, des rapports de force doivent se mettre en place au Congo-Brazzaville que nous avons tous en partage. Aucune Congolaise, aucun Congolais nâa reçu le Congo-Brazzaville en cadeau ni en hĂ©ritage de ses parents. La RĂ©publique, du latin « Res publica » qui dĂ©signe la chose publique, est un concept qui se rĂ©fĂšre Ă un Ătat gouvernĂ© selon le bien du peuple. Notre cri dâespoir sâadresse Ă toutes et Ă tous les patriotes congolais de lâintĂ©rieur comme de lâextĂ©rieur, civils comme militaires, soucieux de lâavenir de notre pays dans lâunitĂ©, le travail et le progrĂšs. Ensemble nous bouterons hors des instances dirigeantes de notre pays ces Afrikaners mbochis Ă dĂ©faut dâune solution pacifique car trop câest trop, « Enough is enough ». Nul ne peut continuer Ă supporter la direction catastrophique que prend notre pays abonnĂ© aux scandales de tout genre. La lutte pour la libĂ©ration de notre pays quâelle soit politique et/ou armĂ©e est une lutte lĂ©gitime.
Il y a lieu de rappeler et de souligner avec force que ce ne sont pas toutes les Congolaises et tous les Congolais du Nord au Sud, de lâEst Ă lâOuest et du Centre qui profitent des largesses de ce pouvoir tyrannique ; il ne sâagit que dâun clan mafieux qui sâarroge tous les pouvoirs et tous les pans de lâĂ©conomie de notre pays. Notre peuple souffre du fait dâune mauvaise redistribution de nos richesses prĂ©emptĂ©es par une seule caste. Câest Nelson Mandela qui disait sur la lutte : « Un combattant de la libertĂ© apprend de façon brutale que c'est l'oppresseur qui dĂ©finit la nature de la lutte, et il ne reste souvent Ă l'opprimĂ© d'autre recours que d'utiliser les mĂ©thodes qui reflĂštent celles de l'oppresseur. » Nous y sommes, et lâheure nâest plus aux discours stĂ©riles. La seule paix quâil nous propose câest la paix des cimetiĂšres, la prison ou lâexil.
Ă la fin, nous ne dĂ©sespĂ©rons pas de rĂ©unir toutes les Congolaises et tous les Congolais autour dâun mĂȘme idĂ©al car le bonheur ne vaut que lorsquâil est partagĂ©.